Friday, July 30, 2010

Parsifal

Deux grands salons. D’un côté, des hommes en costume, enveloppés de fumée de cigarettes, de leurs voix graves, de regards fixés sur leurs chaussures. De l’autre, des femmes en noir, agglutinées, épaulées, des chuchotements, des reniflements, et un hurlement qui vient de temps en temps déchirer l’espace. Au milieu des deux salons, trône le corps d’un homme. Il est posé sur une table recouverte d’un drap blanc qui traine jusqu’au sol. A ses pieds, le crucifix. Tous unis par la chaleur humide, par la mort mesquine. Tous attendent un miracle. Les femmes attendent Jésus venir dire « Homme, lève toi ! », Les hommes attendent une brise de vent.

Elle a 4 ans et se cache derrière la porte du salon. Elle regarde cette femme maigre. La femme statue. Celle qui a les jambes serrées, les chevilles croisées. Celle qui a le dos vouté et le regard fixé sur un point imaginaire au sol. La petite sort de sa cachette, marche ostensiblement vers le corps en faisant claquer le talon de ses chaussures vernies et s’arrête au niveau de son visage. Elle sort de la poche de sa robe une paire de lunettes et la pose sur le visage du corps. Puis en souriant, elle se retourne vers la femme maigre et chuchote « Il a encore oublié ses lunettes ».

Friday, July 9, 2010

Butterflies & hurricanes

Une culotte rose traine au milieu de la chambre. Elle se lève du lit, l’entend sous la douche. La porte de la salle de bains est ouverte. Elle jette un furtif regard vers ce corps nu. Elle cherche une cigarette. Puis un briquet. Met ses talons et se promène nue dans l’appartement.

Il est en sueur. Il n’a pas dormi. Trop chaud. Et ses cheveux trop longs. Ses cheveux à elle. Il regarde ce visage étranger. Il s’éloigne. Elle essaie de le retenir. Il fait semblant qu’il n’a pas vu. Il va prendre sa douche. Il pense à un jus d’orange frais. Il entend ses talons. Il hait ses talons. Il lui faut un jus d’orange frais.

Elle se regarde dans le miroir. Découvre un bleu sur son épaule. Elle appelle Z. lui dit qu’elle boit un verre avec lui. Qu’il pleut très fort. Et qu’elle va probablement encore rester une heure. Ou deux. Z. lui demande « pourquoi faire ». Elle a honte d’avouer qu’elle passe du bon temps avec lui. Même si ça exclut un lit.

C’est une grosse montre d’homme. Il sait qu’elle ne l’a pas achetée. Qu’elle appartenait à un ex. A un oncle. Ou peut-être à son frère. Il préfère ses bras nus. Quand elle enlève la montre et tous les bracelets. Quand elle enlève son maquillage et qu’elle semble vulnérable. In ne sait pas pourquoi elle lui plait. Il ne sait pas si elle lui plait.