Thursday, September 10, 2009

Correspondances avec M1

Cher M1,
Je ne pouvais plus écrire. Les mots s’étaient suicidés quelque part entre mon départ de Paris et mon arrivée à Beyrouth. J’ai fait des efforts, des tentatives, des esquisses mais rien. Je les sentais claquer contre le palais de ma bouche, essayer de s’en échapper puis fondre lamentablement.
J’ai rêvé d’elle et de lui. Elle dans l’église, en train de me confesser qu’elle a été obligée de l épouser. Que sa famille l’a obligée. Qu elle ne voulait pas me faire du mal. Et elle avait perdu ses jolies boucles. Ses cheveux étaient raides, secs, retenus en queue de cheval.
J‘ai été petit déjeuner chez Téta ce matin, je lui raconte mon rêve et elle m’interrompait pour poser la même question. Si ce rêve a eu lieu dans l’église ou en dehors.
- Téta. Dans l’église. Comme je t’avais dit.
- Elle va le perdre.
Et elle attrape un morceau de fromage de ses mains tremblantes. Elle regarde au loin. Je déteste la voir pensante ces derniers temps.
Puis j’enchaine
- Téta, j’ai aussi rêvé de lui. Il avait une croix tatouée sur le haut de sa cuisse droite.
Long moment de silence, je joue avec ma tasse, je la regarde discrètement pour m’assurer qu’elle m’avait entendue. Son regard n’a pas bronché. J’ai pris une olive verte. Trop amère. Me suis obstinée a l’avaler. Téta me tend un morceau de pain, me sert du thé trop sucré. Je vois un sourire qui se dessine, elle s’approche de moi et, sur un ton de confidences, chuchote « Tu as rêvé de lui nu ? »
J’adore Téta.
Une semaine. Encore une semaine.