Monday, December 7, 2009

Décembre

Décembre et un Père Noël qui dégringole du balcon à Saifi avec un grand sac rouge accroché sur son dos, un autre vêtu de blanc se balance sur une balançoire étoilée et il ya un très très gros assis sur le bord de ma table, les pieds en l’air avec des lunettes à montures dorées. Une petite fille assise avec sa maman à l’autre bout de Balima, fourchette en l’air, fait des sourires en regardant dans ma direction. Je ne sais pas si elle sourit au Père Noël ou à moi.

Je me demande où est mon Père Noël. J’ai envie de croire qu’il est caché dans mon sérum Turnaround, dans mes cuissardes, au fond de ma tasse de café, dans le coffre de ma Benz, entre les pages du dernier Vogue, endormi dans le grenier.

Friday, October 30, 2009

You & I both

J’allume ma cigarette en tremblant légèrement. Encore une nuit…

Je pense toujours à lui. Lui avec ses lunettes à montures épaisses dans cet endroit rouge. Sa façon de nouer son écharpe. Ses sourcils épais. Ses yeux verts. Sa bouche entrouverte quand il dort. Son accent fort en parlant français. Ses blagues. Ce don de vider des verres d’alcool sans broncher.

Je trimballe mon ordi avec moi dans la cuisine. Je prépare mon café. Première pluie à Beyrouth, ce matin il fait un peu plus frais.

« I want you to have it ». Même dans ma cuisine, protégée par ces murs, par la voix du voisin, par l’espace d’un mois, ces mots me donnent toujours la nausée. Comme d’habitude, je parle sans penser. Comme d’habitude, je suis tétanisée par la grosse connerie que je viens de prononcer. Comme d’habitude, je m’enfuis.

Je vais lire mes mails. Chaque jour, je m’attends à voir son nom dans ma boite. Chaque jour, l’amertume me ronge. Rien. Je nourris cette attente d’un sourire qui se veut sage, patient mais qui n’est finalement que trop menteur. Il n’ya plus de Magic Stars, je mange des All Bran horribles. Le gout de l’amertume ce matin a aussi un gout de terre, de sable, de vent glacial.

Pourtant il était tellement beau ce soir là. Et il quittait le lendemain. Et je n’allais pas le revoir avant très longtemps. Je ne sais pas pourquoi j’ai quitté. Au début, j’ai blâmé le barman qui a trop mis du gin dans mon Dry Martini. Puis la réalité fait surface. Et la réalité n’est jamais très jolie. Elle ressemble souvent à une pensée écarlate, à un grand titre dans un journal indécemment ouvert.

T. m’a envoyée la chanson que j’ai fredonnée toute la soirée hier « See I'm all about them words. Over numbers, unencumbered numbered words; Hundreds of pages, pages, pages for words. More words than I had ever heard, and I feel so Alive ».

Quand je me suis levée, je n’avais pas pensé que je prenais de risques, qu’il y avait cinquante pourcent de chances qu’il ne me suive pas, qu’il me laisse partir. C’est en attendant le taxi, que je me suis appuyée contre la grille et j’ai réalisé l’énorme stupidité que je venais de faire.

Lire son nom. En attendant, je m’inflige une image de nous sous la pluie. Une image qui n’a jamais eu lieu. Une image qui n’aura jamais plus la chance d’exister. Une image suicidée trop tôt. J’aurai juste voulu faire ça avec lui. L’embrasser sous la pluie.

Mraz met fin à mes pensées. « Well I'm almost finally, finally out of words ».

Thursday, September 10, 2009

Correspondances avec M1

Cher M1,
Je ne pouvais plus écrire. Les mots s’étaient suicidés quelque part entre mon départ de Paris et mon arrivée à Beyrouth. J’ai fait des efforts, des tentatives, des esquisses mais rien. Je les sentais claquer contre le palais de ma bouche, essayer de s’en échapper puis fondre lamentablement.
J’ai rêvé d’elle et de lui. Elle dans l’église, en train de me confesser qu’elle a été obligée de l épouser. Que sa famille l’a obligée. Qu elle ne voulait pas me faire du mal. Et elle avait perdu ses jolies boucles. Ses cheveux étaient raides, secs, retenus en queue de cheval.
J‘ai été petit déjeuner chez Téta ce matin, je lui raconte mon rêve et elle m’interrompait pour poser la même question. Si ce rêve a eu lieu dans l’église ou en dehors.
- Téta. Dans l’église. Comme je t’avais dit.
- Elle va le perdre.
Et elle attrape un morceau de fromage de ses mains tremblantes. Elle regarde au loin. Je déteste la voir pensante ces derniers temps.
Puis j’enchaine
- Téta, j’ai aussi rêvé de lui. Il avait une croix tatouée sur le haut de sa cuisse droite.
Long moment de silence, je joue avec ma tasse, je la regarde discrètement pour m’assurer qu’elle m’avait entendue. Son regard n’a pas bronché. J’ai pris une olive verte. Trop amère. Me suis obstinée a l’avaler. Téta me tend un morceau de pain, me sert du thé trop sucré. Je vois un sourire qui se dessine, elle s’approche de moi et, sur un ton de confidences, chuchote « Tu as rêvé de lui nu ? »
J’adore Téta.
Une semaine. Encore une semaine.

Sunday, July 12, 2009

The way you want it

Depuis neuf jours, je revois cet angle de rue, à moitié baigné dans l'ombre et d'un autre côté, dans la vie. Huit heures douze, j' entends la porte en fer se refermer derrière moi, quatre pas je regarde à droite, je vois ma réflection dans le miroir de la boutique toujours fermée depuis le début du mois, six mètres plus loin, je pense qu'il fallait absolument emporter mes ballerines. Et tout en plongeant dans le soleil, je regarde discrètement la terrasse du "Verre Siffleur" en espérant le voir. Comme à ma premiere journée ici. J'aime la ligne 6, la partie en plein air. Je crois que je suis la seule à sourire, la seule à regarder dans les yeux. Keane est accroché à mes oreilles, il m'accompagne chaque matin pendant tout le trajet silencieusement sauf au moment où il dit "from the shelter of the rain as you walk into the tube". On me regarde dans les yeux. Je souris. Je suis amoureuse.

Tuesday, June 2, 2009

En allant au bureau ce matin

Je veux des ballons roses et jaunes qui volent très hauts, je veux des journées longues à la plage, des galets qui se calent parfaitement sous mes pieds, tes cheveux entre mes doigts.

Je veux oublier des moments, humer le silence, m’acheter le dernier clutch Marc Jacobs, revoir ce mollet parfaitement tendu au moment ou je sortais des toilettes du Palais.

Je veux que le temps s’arrête une minute par jour, je veux pouvoir offrir ces minutes à ceux qui sont partis plus tôt, je veux pouvoir manger du junk sans prendre un kilo.

Je veux être une starlette des années 30, je veux être Brad Pitt quand il couche avec Angelina, Paris Hilton en Jogging rose, une mère, une meilleure amie.

Je veux que quelqu’un m’attende sur un quai

Monday, May 18, 2009

Int. Jour/ Café à Hamra

Il y a beaucoup de monde, ça sent le chocolat et le pain. Il y règne une ambiance chaude. On entend surtout le bruit de la machine à café.

Lea est assise seule, une tasse de café devant elle, une boite de Marlboro Lights. Elle a la vingtaine et se cache derrière de longs cheveux légèrement ondulés et un pull à grosses mailles beiges. Elle regarde la pluie tomber doucement, les parapluies qui se promènent, elle joue rêveusement avec la tasse.

Yves entre par la porte qui se trouve à la droite de Lea. C’est un homme intimidant aux traits durs. Lea se retourne vers la porte et l'observe s'avancer vers le vieux comptoir en bois. Il lance un "bonjour" sec, puis se retourne en parcourant la salle. Il tombe sur le regard de Lea,
les yeux légèrement écarquillés, aucun sourire, aucun mouvement de tête, juste un regard intact.

Yves est interpellé par la tasse de café qu'on vient de poser devant lui. Quand il se retourne vers Lea, elle baisse la tête pour cacher le sourire amusé. Elle fixe ses doigts vernis puis relève la tête vers le comptoir. Yves n'y est plus. Un bruit de chaise l'oblige à regarder sa gauche. Yves s'installe sur sa table.

Il regarde devant lui, il sent le regard de Lea sur lui. Il affiche toujours son air arrogant, il a une espèce de sourire malicieux. Lea approche la main du visage d’Yves, lui caresse doucement la joue. sa joue. L’assurance s’efface, le sourire se crispe. Il recule pour fuir cette main, qui l'approche vers le visage de Lea. Puis la main disparait, l'obligeant à chercher une explication dans les yeux de Lea. Le regard. Puis comme d’un mutuel accord, les têtes s’avancent, se penchent, les yeux se ferment, les lèvres se touchent, se découvrent poliment, se bousculent.

Eventuellement la respiration se fait rapide, la course plus lente pour enfin s'arrêter. Ils ouvrent les yeux. Les yeux d’Yves dérapent des yeux de Lea, sur ses lèvres puis sur la table. Il se passe une main dans les cheveux, se met debout brusquement. Il a toujours le regard baissé vers la table.

Lea est immobile, son regard seulement suit les mouvements d’Yves. Elle a les lèvres très rouges. Au moment où elle se décide de détourner les yeux de ces mouvements saccadés, elle voit Yves passer dehors, héler un taxi et s'y engouffrer.

Lea allume une cigarette, détourne son visage de la rue, rejette ses cheveux en arrière, hausse la main pour interpeller le serveur et le menton légèrement relevé : «un café s’il vous plait» .

Tuesday, May 5, 2009

La guerre des étoiles

Il était une fois une petite fille qui écoutait chaque soir avant de s'endormir "Clair de Lune" de Debussy en s'imaginant qu'un drap d'étoiles la couvrait. Cette petite fille aimait Fadi. Fadi habitait dans l'immeuble de sa grand-mère, avait de longs cils et un short bleu marine aux boutons dorés.

Fadi et la petite fille jouaient la plupart du temps à cache-cache avec tous les autres enfants habitant l'immeuble. Quand elle eut 9 ans, tante Viviane offrit à la petite fille une cape couleur bleu ciel brodée d'étoiles argentées. La cape était, apparemment, magique. Tante Viviane lui murmura, dans la cuisine qui sentait le gâteau au chocolat, que la cape la protègerait contre tous les mauvais sorts, contre les monstres, contre la tristesse, contre les bombes qu'elle entendait la nuit. Il suffisait de la poser sur ses épaules.

La petite fille aimait son pays, son drapeau blanc et rouge, ce cèdre au milieu, elle aimait particulièrement l'hymne national, le picotement des yeux quand elle le chantait. Elle aimait aussi Fadi, surtout quand il chantait fort cet hymne en bradissant le drapeau libanais.

Puis il y eut cette nuit. Quand les bombes se firent plus fortes, quand les cris se faisaient plus proches, quand maman la prenait contre sa poitrine en la berçant et en pleurant doucement. Mais la petite fille ne comprenait pas. A chaque fois qu'elle essayait d'expliquer à sa mère qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur, que la cape était bien là, maman lui couvrait la bouche en posant des baisers salés sur son visage.

Le matin, juste au moment où les sourires osaient refaire surface, il y eut comme une sorte de vague dans l'immeuble de sa grand-mère. Il y eut d'abord comme un sifflement, puis une sorte de tremblement, des morceaux de la maison qui volaient partout et le silence. Un cri. Un seul. Un long. Etrange. Aigu. Atroce. Tout le monde s'empressa vers ce cri.

Il était une fois un petit garçon qui s'appelait Fadi. Fadi avait de longs cils et un short bleu marine aux boutons dorés. Fadi était maintenant mort. Et la petite fille savait. Parce que la maman de Fadi le tenait dans ses bras en hurlant et que Fadi ne bougeait pas. La petite fille devina à ce moment que le ciel lui avait pris un amour et que plus jamais elle ne ferait confiance aux étoiles.

Thursday, April 23, 2009

Trust is Weakness

Elle l'aperçoit dés qu’elle rentre. Exactement comme à la soirée d’hier. Il sourit, se lève. Elle n’arrive pas à déboutonner son manteau, elle tremble. En allant vers lui, elle sait qu’en venant ce soir, le monde sera plus vert dorénavant.

Une tête penchée, le pull noir qui dessine parfaitement les épaules. Ses épaules. Parsemées de petites tâches brunes. Petites tâches de soleil, tâches venues du ciel. Tâches de baisers, de griffes, de larmes. Tâches d’un homme de 50 ans.

Lui. Lui parle doucement. Franchement. Avec des mots étoilés. Il a une assurance que seuls les hommes de 50 ans ont, que seules les années tissent. Lui a des doigts de gosse. Des ongles demi-cercle, drôles, blancs, perplexes. Un sourire symétrique, une peau qui sent Armani et des yeux vides.


Dehors, il fait froid. Il lui entoure la taille. Elle se tient face à lui, se cambre légèrement en arrière. Seuls, quelques cils ivres les séparent.

Friday, March 27, 2009

I feel it all

On a d'abord parlé du temps, du travail, gentiment et poliment. Puis on s'est tus. On a observé les gens autours, on a fait des blagues sur le latino lover assis à l'autre bout du bar. On s'est regardés dans les yeux. On a joué au jeu "le premier qui cille, perd". On a mangé des nachos, un gateau au chocolat, puis des quesadillas avec nos doigts et on a bu du Diet Coke. On s'est racontés nos mini secrets, nos peurs, nos ex, nos cuites, nos nuits fauves. On a fait les cons parce qu'on avait envie. J'ai mis une carotte dans le Bloody Mary de mon voisin sans qu'il s'en apreçoive, il a mis son doigt dans la sour cream de sa voisine. On s'est frôlés comme ça, innocemment. On a fait des grimaces aux barmen en se tapant des fous rires. On a finalement quitté. Dehors, on a attendu sagement, prudemment, dignement que l'envie passe. Mais elle n'a pas voulu. Donc on a dû monter en voiture, j'ai mis la radio et on a chanté la chanson qu'on aime. Mon coeur battait fort. Il a pris ma main droite, l'a posée sur son coeur. Son coeur battait aussi fort. On a souri. On avait quinze ans de nouveau. Puis il est parti. Et pour la première fois depuis trés longtemps, j'ai realisé que je voudrais avoir quinze ans toute ma vie.

Thursday, March 19, 2009

Les mots jouent

Heels. Vert. Moments. Ephémère. Tsss tsss. Goldschläger. Benz. Cochonne. Fucker sucker. Placide. Soleil. Vintage. Psycho. Reflet. Praline. Vendetta. Blow blue. Feyrouz. Down. Vitesse. Rêver. In control. Gorge. Sein. Lame. Voir. Pourpre. Froid. Secondes. Flou. Heels. Flou. Veuve Clicquot. Fucker. Psycho. Blow blue. Placide. Froid. Sein. Pourpre. Revoir. Cauchemar. Couper. Pourpre. Down. No control. Vitesse. Benz. Acide. Egorger. Sein. Vintage. Miroir. Froid. Bleu. Heels. Hell. Vendetta. Miroir. Powder. Tomber. Down. Lumière. Froid. Obsession. Secondes. Praline. Chocolat. Bouche. Bleu. Blow. Pop. Sniff. Snort. Secondes. Lame. Miroir. Noir. Heels. Ephémère

Thursday, February 26, 2009

Automne

Il la voit de dos, seule, en manteau rouge, les cheveux noirs relevés en chignon a moitié defait. De temps en temps, le vent se fait plus fort, soulève les mèches qui dévoilent un bout de nez, une joue. Il hésite a s'approcher d'elle, il se masse la nuque pour garder de la contenance. Il n'a pas envie de lui parler, il sait qu'elle sortira encore des méchancetés. Il a juste envie de sentir son odeur. C'est pour cela qu'il l'a appelée tout à l heure. Juste son odeur. Il ferme les yeux. Les ouvre. Elle s'est retournée. Le regarde.

Elle: Tu as fini?
Lui: Fini quoi?
Elle: De m'observer.

Elle marche vers lui. Il voit son collant en dentelle noire. Il le trouve de mauvais goût. Il la trouve de mauvais goût. Des effluves de son parfum lui parviennent. C'est un autre. Trop sucré, trop fifille. Il a la nausée. Il a envie de partir. Elle s'arrête à un mètre de lui. Donc ils ne se feront pas la bise.

Elle: Tu vas partir.
Lui: Je crois. Oui. Oui, je vais partir.
Elle: Tu n'aimes pas mon manteau?

Il sourit poliment, marmonne un "si, j'aime le manteau" en s'avançant vers sa voiture, la 1973 E-Type Jaguar qui le connaît mieux que personne. Il va s'isoler dans la Jaguar. Il pense à Celine. Il l'appelera une fois en voiture, lui dira qu'il a commandé des sushis, qu'elle lui manque, qu'il a envie de la voir. Elle viendra, ils mangeront à peine, ils coucheront ensemble. Rapidement. Il a juste besoin d'un corps de femme pour oublier ce collant, ce parfum, ces mèches. Il referme la porte de la voiture. Elle n'a pas bougé, a juste penché la tête. Elle a ce sourire. Le sourire qu'il déteste. Elle sait qu'il ira tirer un coup. Qu'il n'aura aucun plaisir. Il démarre, fait demi-tour et la regarde une dernière fois dans le rétroviseur. Le manteau rouge. Paris, janvier 2008, la vitrine de Dior, elle avait bu à déjeuner, elle riait fort puis s'est soudainement tue en voyant le manteau. Elle a juste dit "je suis amoureuse". Il ne sut si elle parlait de lui ou du manteau. Ayant lui-même trop bu a déjeuner, il jugea sage de ne pas poser la question. Maintenant il le regrette.

Friday, February 13, 2009

Daydream in blue

Je pouvais rester chez moi ce matin. Je me suis réveillée avec une boule dans la gorge, une boule qui ne me lâche plus depuis un bout de temps. Celle qui persiste à s'accrocher à l'ourlet de ma robe. Celle que j'ai porté hier soir. Encore une nuit à vomir des mots, revoir des images en flou, s'accrocher à mon verre, saluer, paraitre interessée, rire. Le rire joué, re-joué, enjoué, celui que je voudrais bandant. Je pouvais rester chez moi et jouer avec Barbie. L'habiller, la déshabiller, la mettre au dessus de Ken, puis elle m'aurait habillée, déshabillée, mise au dessus de Ken. Je voulais rester chez moi, prétendre avoir 5 ans, courir pieds nus, jouer à cache cache avec Z., faire la morte sous les draps, m'écouter respirer.

Je vais broder des cailloux sur ma robe, terrifier l'angoisse, rigoler à gorge déployée, les déshabiller d'un regard, les intimider, finir la bouteille de Moet, le suivre dans le noir, la suivre dans le noir, la suivre dehors, regarder ses talons claquer, l'appeler par son nom de famille, la voir se retourner en slow motion, graver ce moment dans mes méninges, lui sourire et sans qu'elle s'en apercoive briser la bouteille sur sa belle tête de blonde. Ya des goulettes de sang sur ma joue. Mon mascara a fondu lamentablement. Je rentre dans le monastère, commande une autre bouteille de bulles.

Je pouvais rester chez moi ce matin. Prétendre que je ne l'ai pas tuée.

Tuesday, February 10, 2009

Hier soir

Je n'arrivais pas à m'endormir. J'ai compté des moutons, essayé plein de positions, enlevé mon sweat shirt, bu de l'eau, me suis obligée à garder les yeux fermés et me suis concentrée sur ma respiration. Je n'y arrivais toujours pas. Puis des situations qu'on terre font surface. Ils rampent doucement dans la nuit et s'amusent avec nos chères petites têtes, la mienne en tout cas. J'ai ouvert les yeux. Mes yeux s'habituent au noir. Des formes géométriques s'incurvent, une orange bat des ailes, deux étoiles passent bras dessus bras dessous, une mouche bourdonne puis se tait écrasée par le silence. Et juste au moment où le marchand de sable passait, la lampe pousse dans le plafond et se tord de plaisir.

Monday, February 2, 2009

XOXO

Ça avait commencé par un sms à une heure incongrue. Puis un autre suivi par d'autres. Des sms lourds d'alcool, de débauche, de moiteur. Il m'a traitée d'impatiente, d'exigeante et d'insomniaque. Il avait raison. J'ai adoré.

Hier à minuit. Je rentre seule, je conduis à 140km/h. C'est mon moment favori de la nuit. Kings of Leon m'accompagnent. J'ai le chauffage à fond et les fenêtres toutes ouvertes. L'air froid est cinglant. Je pense à la soirée. Il faut arrêter d'aller au Pacifico le dimanche. Une décision que je (re) prends chaque semaine. Je pense à la moche qui était à ma droite, je revois son vernis écaillé, la grosse main de l'homme qui la tripotait tout le temps. Un sms. Je lis, je pense répondre mais ne le fais pas. Je revois les shots alignés, les doigts tremblotants qui s'en emparent. Un autre sms. Ses mots s'incrustent entre les images. Brouillent mes images. Je pense à lui. Je hausse le son. Kings of Leon prennent les dessus.

Je suis au lit. Je regarde Gossip Girl. Il appelle. Je vois son nom s'afficher. Disparaître. S'afficher. Disparaître. Lumière. "1 appel en absence". Un autre sms "Tu te fous de ma gueule?!?!". Je tape "You know you love me. xoxo". J'hésite à envoyer, l'efface, éteigne mon téléphone et m'endors en souriant. Un rien m'amuse ces derniers temps.

Wednesday, January 21, 2009

Squeeze me

Je suis en T.shirt gris Mickey Mouse. Je viens de me réveiller, il est 19 heures. J'ai dormi tout l'aprés-midi, il pleut. Je sors doucement de la chambre, T. travaille sur l'ordinateur, le reflet de l'ecran le découpe parfaitement de la baie vitrée. Beyrouth scintille. Il a les manches relevées, les sourcils froncés, un verre de whiskey à sa droite. Et un deuxième aussi que je viens d'apercevoir. Il savait que je me réveillerais maintenant. Je m'approche, prends le verre qui se cachait. Il sourit, ne relève pas les yeux, s'obstine à regarder l'écran en tapant. Je lui frôle les cheveux au passage, sa main retrouve la mienne, me retient. Ses lèvres se posent sur l'intérieur de mon poignet. Il me relâche.

Je m'avance vers la chaîne stéréo, branche le Ipod. J'ai froid, le whiskey me réchauffe dedans. J'entends les voisins rentrer. La fille pleurniche, la maman gronde. Je m'enfonce dans le canapé, cherche la chanson que j'entends en boucle ces dernières semaines. La chanson estivale qui sent la piscine et la glace vanille. Les premières notes débarquent, j'entends T. bouger dans mon dos, je ne me retoune pas, j'essaie de deviner ce qu'il fait en observant son reflet. Il quitte la salle de séjour en emportant l'ordinateur. Je refuse d'éteindre ou de baisser le son. Je bois une gorgée. Ca brûle. Je me lève, monte sur la table basse, ferme les yeux, refuse la mélancolie du dimanche soir qui vient s'incruster. Je me déhanche gentiment d'abord puis je me laisse aller. Je ferme les yeux. Je danse.

Ses mains se posent sur mes hanches. J'ouvre les yeux. Je ne sais pas s'il sourit ou s'il est énervé. Il monte sur la table, se colle contre moi. On regarde la ville. "I'll do anything for you keep on telling me keep on using me I'll do anything for you You'll do anything for me I'll do anything for you keep on using me keep on using me I'll do anything for you You'll do anything for I'll do anything for you keep on telling me keep on using me."

Friday, January 9, 2009

Le mystère de ce jour là

Ils s'aiment. Ils s'aiment tellement qu'un beau jour ils décident de se jurer amour et fidélité, pour le meilleur et pour le pire. Dorénavant ce sera toi et moi pour la vie, toi et moi et un petit/une petite/des petits, toi et moi et une grande maison, toi et moi et des étoiles dans les yeux, toi et moi et plein de bulles.

Et puis un jour, elle ne supporte plus son odeur, il ne supporte plus ses dents trop blanches. Elle le trouve mou, idiot, il pense que c'est une hystérique maniaco dépressive. A table, elle retient son envie de lui planter la fourchette dans le cou, au lit, il s'imagine l'etouffer avec l'oreiller. Ils arrêtent de manger ensemble, de dormir dans le même lit, de se retrouver sous le même toit. Dorénavant ce sera moi, toi et l'avocat, moi, toi et les cris au téléphone, moi, toi et les menaces, moi, toi et les insultes, moi, toi et le regret.

Et puis un jour, ce fut la guerre.