Saturday, January 15, 2011

Disclaimer

Je ne me reconnais plus dans les photos. Pourtant dans le miroir, les mêmes yeux me scrutent. Je suis souvent triste. Mais je le cache. Parce que la tristesse est pathétique. Dans mes talons de treize centimètres, dans les réunions de trente personnes, dans les discussions machistes quinquagénaires, dans les nuits blanches passées au bureau, je me sens comme un enfant de 5 ans qui a perdu ses parents au supermarché. Je bois. Pour noyer ce sentiment. Ou pour noyer l’enfant

Je me laisse aller après une longue journée, quand la nuit s’installe et que les lampes ne sont pas aussi révélatrices que le soleil. Je tiens une main. Enfouis ma tête dans une épaule quelconque. J’essaie d’oublier combien cette étreinte furtive est solitaire. Combien elle me rend heureuse parce que je n’ai pas de comptes à lui rendre, pas d’explications à lui donner.

Je déteste Beyrouth, je ne la comprends pas même si elle m’émeut à six heures du matin, au printemps, à travers les sourires de ses habitants. En m’éloignant d’elle, je me rapproche de quelqu’un d’autre. Il ya un morceau de ciel que j’aperçois de ma fenêtre. Je l’aime. Il me rend heureuse à chaque fois que je le regarde. Il se cale entre le mur du balcon et les plantes qui frémissent. Il se cale dans mon cœur.

Je vais porter mon masque ce soir pour sortir diner. Je ne ferais pas attention à la remontée gastrique en avalant mon énième flute. Je la laisserais fondre dans mes larmes. Puis je laisserais mes larmes enlever mon masque en écoutant Horowitz jouer Consolation. Parfois je me demande à quelle vie je joue.