Tuesday, December 30, 2008

D -1

Je suis heureuse qu'elle soit finie. 2008 était moche, ennuyante, cancereuse, grise, aigrie. Je suis heu-reu-se!! Et plus jamais je n'accepterai une année pareille.

J'ai beaucoup pleuré, me suis surtout lamentée, fait de mauvais choix, cru en les mauvaises personnes, douté de moi, pensé à des gens qui n'existent plus dans ma vie, fait de faux bonds aux gens qui y étaient. J'ai déçu, j'ai menti, j'ai jugé, je me suis dérobée, j'ai insulté, j'ai eu peur, j'ai menacé.

Demain soir, je mettrai ma robe noire sexy, de grosses boucles d'oreilles, des paillettes sur les yeux. Et à minuit je buverai pour célèbrer la mort de 2008.



Monday, December 22, 2008

A l'eau de rose

Je fais le point sur ma vie pendant la période de Noël, pas à mon anniversaire, ni au réveillon du Nouvel An, mais le 24 au soir. Les résolutions débarquent avec petit Jésus. Et la famille. Je suis émue toute la soirée, j'ai les yeux qui mouillent et j'observe...

Téta que j'adore le plus au monde, qui a 90 ans, qui est la plus witty et la plus sharp, qui regarde ses fils et filles, petits-fils et petites-filles un sourire au coin, son verre de whisky à la main quand tout le monde boit du vin. Les gosses qui courent partout, excités par les cadeaux, leurs cris hystériques qui proviennent des chambres, leur têtes décorées de guirlandes se cachant sous les tables, leurs bouches pleines de chocolat quand ils viennent vous faire des calins. Mes oncles et leurs femmes, mes tantes, ma tante et son mari, qui couvent d'un regard plein d'amour ces petits fous. J'adore ce regard, ce regard ridé, fatigué, hésitant qui recherche une assurance. Une confession secrète qu'ils ont bien fait, qu'ils ont ramené le bon cadeau, que ces petits sont les leurs, qu'ils sont heureux, que rien ne pourra leur faire du mal, qu'ils resteront petits, leurs petits, toute la vie. Puis je regarde Z, fascinée que le petit frère soit devenu un homme (quand, comment), racontant les mêmes anecdotes, le rituel de Noël, un Ralph ou un Alex pendu à son cou. Et maman, la plus belle, la plus merveilleuse, la plus magique, la plus douce. Ma maman.

A la messe, Z se penche sur le banc devant lui parce qu'il a trop bu, on se tape des fous rires quand la chorale rate une note, quand le voisin s'assoupit, quand maman nous gronde pour se calmer comme quand on avait 5 ans. Puis les résolutions débarquent, doucement d'abord puis elles se font plus pressantes, plus présentes, ne jamais oublier d'où je viens, ne pas subir à l'amertume, se rappeler la guerre pour pouvoir l'éviter, garder la tête haute, apprendre, lire, rigoler la vie, célèbrer Noël tous les jours. Il est né le divin Enfant

Thursday, November 27, 2008

Harlequin

J'avais lu son nom dans les magazines. Elle était à la mode. J'ai commencé par lire son livre hier, je l'ai fini il ya une heure. L'épilogue racontait l'histoire de cette femme qui envoie son manuscrit à un éditeur. Et puis la lettre... l'appel... "l'envie de vous rencontrer"... cet instant décisif quand un voeu se réalise et ça m'a émue.

J'ai toujours voulu écrire. Non. Pas écrire. J'ai toujours voulu raconter des histoires. Des histoires de femmes, des histoires de cu, des histoires peut-être nulles, peut-être grises, mais qu'importe c'est des histoires. Petite, j'étais convaincue qu'un trésor était caché dans la maison. Et je le cherchais. Je cherchais dans les tiroirs, dans les boîtes de chaussures, je tâtonnais chaque pierre, chaque dalle, fascinée. Fascinée par les mots qui me passaient dans la tête en cherchant ce trésor. L'histoire de la chasse au trésor. Je m'en foutais du trésor. Enfin, pas tant que ça...Il me fallait un trésor pour un happy ending.

A 10 ans, la happy ending est primordiale. Dix-huit ans plus tard, on se rend compte que la happy ending est de courte durée. Et que même s'il ya happy, il ya aussi ending.

Wednesday, November 26, 2008

M&M

Moaning & More.

J'aime pas:
les petites rides que j'ai découvert ce matin autours de mes yeux
quand il ment
qu'on touche à mes frites
le gloss
quand le service n'est pas impeccable au resto
les choses pas symétriquement alignées sur mon bureau
quand les gens me manquent
le vernis rouge (même si parfois j'en mets)
les tomates dans les salades mais je les aime toutes seules
la médiocrité
quand je répete ma phrase 2 fois parce que la première fois on s'en foutait de m'entendre
le rire aigu
mon ex
le collant couleur chair
la Porsche qui me dédouble

Voila c'est fini!! Me sens beaucoup mieux...

Sunday, November 23, 2008

American Boy

Elle ne s'attendait pas. A le rencontrer. A le trouver charmant. A afficher un sourire amusé pendant toute la soirée. A le revoir le lendemain. A s'échanger des textos pendant des heures. A rigoler fort au téléphone. A s'imaginer des baisers dans la nuque. Non, elle ne s'attendait pas.

Elle s'attendait à une soirée entre filles. Avec Maryam qu'elle n'avait pas vu depuis un certain bout de temps. Maryam lui avait touché mot au téléphone, sur le fait que des collègues américains à son frère pourraient les rejoindre.

Elle ne s'attendait pas. A ce qu'elle se sente bien quand il lui prendrait la main. Qu'elle se permettrait de se laisser aller. A ce qu'elle refuse de jouer son petit numero si elle avait été avec un libanais. De se sentir femme, pas vamp, pas bandante, pas soumise, pas sainte nitouche, juste femme. Non, elle ne s'attendait pas.

Il l'a suivie jusqu'à sa voiture. Lui a demandé son numero de téléphone. lIs se sont revus le lendemain. Il était toujours aussi beau et drôle. En boîte, il lui a effleuré le bras, les doigts, le poing.

Elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui dise qu'il reviendrait la semaine prochaine. Qu'il voudrait la découvrir. Découvrir sa ville. Dîner avec elle à Abed El Wahab. Aller à la plage. La voir à la lumière du jour. Non, elle ne s'attendait pas.

Toute la semaine, elle a trimballé un air stupide sur son visage. Elle a parlé de lui aux copines. Googlé son nom. Fait des recherches sur Utah, sur les démocrates et les républicains. Elle est restée des heures dans son dressing, noté d'eventuelles tenues. Pris des RDV de manucure, pédicure, épilation, et bikini.

Elle ne s'attendait pas à ce que le gouvernement rejette les demandes de l'opposition. Phrase qu'on lui a incessament répeté parce qu'elle refusait de comprendre. A ce que l'aéroport suspende tous les vols. A voir son peuple se tirer dessus comme durant la guerre civile d'il ya quelques années. A ce qu'elle se gave de calmants. Non, elle ne s'attendait pas.

Il l'a appelée. Comme aurait fait n'importe quel homme galant. Pour s'assurer qu'elle allait bien, que rien ne lui manquait. Leurs discussions portaient sur ce coup de foudre, leur enfance, leur famille... Eventuellement, tout est rentré dans l'ordre dans son pays. Temporairement, bien sûr. Il a décidé de venir. Re-Manucure, pédicure, épilation, et bikini (et re-merde).

Elle ne s'attendait pas. A ce qu'il hésite. A ce qu'il se pose des questions sur le fait qu'il soit américain et qu'il se ramène. A ce qu'il l'oblige de lui promettre que tout sera calme, qu'il n y a aucun risque. A essayer de se dérober. A se faire moins présent jusqu'à finalement lui admettre qu'il ne viendrait plus. Non, elle ne s'attendait pas.

Dorénavant, elle s'attendrait à aimer des hommes hommes. Des hommes qui connaissent son pays. Des hommes qui n'auront pas peur de venir. Des hommes qui vivent dans l'urgence comme elle. Parce que chez elle, on peut mourir à n'importe quel moment. Parce que les garanties et les plans, elle ne connaît pas.

Dorénavant, elle apprendra à ne plus s'enticher de chaque monsieur-bite-sens d'humour-aime l'alcool. A accepter qu'elle n'a plus 16 ans et que ses coups de coeurs hebdomadaires accompagnés de "je l'aiiiiiiime" langoureux frisent le ridicule. Et que la prochaine fois que Maryam décide de ramener quelqu'un, de se décommander.

Oui, dorénavant elle fera des efforts pour savoir à quoi s'attendre!