Thursday, February 26, 2009

Automne

Il la voit de dos, seule, en manteau rouge, les cheveux noirs relevés en chignon a moitié defait. De temps en temps, le vent se fait plus fort, soulève les mèches qui dévoilent un bout de nez, une joue. Il hésite a s'approcher d'elle, il se masse la nuque pour garder de la contenance. Il n'a pas envie de lui parler, il sait qu'elle sortira encore des méchancetés. Il a juste envie de sentir son odeur. C'est pour cela qu'il l'a appelée tout à l heure. Juste son odeur. Il ferme les yeux. Les ouvre. Elle s'est retournée. Le regarde.

Elle: Tu as fini?
Lui: Fini quoi?
Elle: De m'observer.

Elle marche vers lui. Il voit son collant en dentelle noire. Il le trouve de mauvais goût. Il la trouve de mauvais goût. Des effluves de son parfum lui parviennent. C'est un autre. Trop sucré, trop fifille. Il a la nausée. Il a envie de partir. Elle s'arrête à un mètre de lui. Donc ils ne se feront pas la bise.

Elle: Tu vas partir.
Lui: Je crois. Oui. Oui, je vais partir.
Elle: Tu n'aimes pas mon manteau?

Il sourit poliment, marmonne un "si, j'aime le manteau" en s'avançant vers sa voiture, la 1973 E-Type Jaguar qui le connaît mieux que personne. Il va s'isoler dans la Jaguar. Il pense à Celine. Il l'appelera une fois en voiture, lui dira qu'il a commandé des sushis, qu'elle lui manque, qu'il a envie de la voir. Elle viendra, ils mangeront à peine, ils coucheront ensemble. Rapidement. Il a juste besoin d'un corps de femme pour oublier ce collant, ce parfum, ces mèches. Il referme la porte de la voiture. Elle n'a pas bougé, a juste penché la tête. Elle a ce sourire. Le sourire qu'il déteste. Elle sait qu'il ira tirer un coup. Qu'il n'aura aucun plaisir. Il démarre, fait demi-tour et la regarde une dernière fois dans le rétroviseur. Le manteau rouge. Paris, janvier 2008, la vitrine de Dior, elle avait bu à déjeuner, elle riait fort puis s'est soudainement tue en voyant le manteau. Elle a juste dit "je suis amoureuse". Il ne sut si elle parlait de lui ou du manteau. Ayant lui-même trop bu a déjeuner, il jugea sage de ne pas poser la question. Maintenant il le regrette.

Friday, February 13, 2009

Daydream in blue

Je pouvais rester chez moi ce matin. Je me suis réveillée avec une boule dans la gorge, une boule qui ne me lâche plus depuis un bout de temps. Celle qui persiste à s'accrocher à l'ourlet de ma robe. Celle que j'ai porté hier soir. Encore une nuit à vomir des mots, revoir des images en flou, s'accrocher à mon verre, saluer, paraitre interessée, rire. Le rire joué, re-joué, enjoué, celui que je voudrais bandant. Je pouvais rester chez moi et jouer avec Barbie. L'habiller, la déshabiller, la mettre au dessus de Ken, puis elle m'aurait habillée, déshabillée, mise au dessus de Ken. Je voulais rester chez moi, prétendre avoir 5 ans, courir pieds nus, jouer à cache cache avec Z., faire la morte sous les draps, m'écouter respirer.

Je vais broder des cailloux sur ma robe, terrifier l'angoisse, rigoler à gorge déployée, les déshabiller d'un regard, les intimider, finir la bouteille de Moet, le suivre dans le noir, la suivre dans le noir, la suivre dehors, regarder ses talons claquer, l'appeler par son nom de famille, la voir se retourner en slow motion, graver ce moment dans mes méninges, lui sourire et sans qu'elle s'en apercoive briser la bouteille sur sa belle tête de blonde. Ya des goulettes de sang sur ma joue. Mon mascara a fondu lamentablement. Je rentre dans le monastère, commande une autre bouteille de bulles.

Je pouvais rester chez moi ce matin. Prétendre que je ne l'ai pas tuée.

Tuesday, February 10, 2009

Hier soir

Je n'arrivais pas à m'endormir. J'ai compté des moutons, essayé plein de positions, enlevé mon sweat shirt, bu de l'eau, me suis obligée à garder les yeux fermés et me suis concentrée sur ma respiration. Je n'y arrivais toujours pas. Puis des situations qu'on terre font surface. Ils rampent doucement dans la nuit et s'amusent avec nos chères petites têtes, la mienne en tout cas. J'ai ouvert les yeux. Mes yeux s'habituent au noir. Des formes géométriques s'incurvent, une orange bat des ailes, deux étoiles passent bras dessus bras dessous, une mouche bourdonne puis se tait écrasée par le silence. Et juste au moment où le marchand de sable passait, la lampe pousse dans le plafond et se tord de plaisir.

Monday, February 2, 2009

XOXO

Ça avait commencé par un sms à une heure incongrue. Puis un autre suivi par d'autres. Des sms lourds d'alcool, de débauche, de moiteur. Il m'a traitée d'impatiente, d'exigeante et d'insomniaque. Il avait raison. J'ai adoré.

Hier à minuit. Je rentre seule, je conduis à 140km/h. C'est mon moment favori de la nuit. Kings of Leon m'accompagnent. J'ai le chauffage à fond et les fenêtres toutes ouvertes. L'air froid est cinglant. Je pense à la soirée. Il faut arrêter d'aller au Pacifico le dimanche. Une décision que je (re) prends chaque semaine. Je pense à la moche qui était à ma droite, je revois son vernis écaillé, la grosse main de l'homme qui la tripotait tout le temps. Un sms. Je lis, je pense répondre mais ne le fais pas. Je revois les shots alignés, les doigts tremblotants qui s'en emparent. Un autre sms. Ses mots s'incrustent entre les images. Brouillent mes images. Je pense à lui. Je hausse le son. Kings of Leon prennent les dessus.

Je suis au lit. Je regarde Gossip Girl. Il appelle. Je vois son nom s'afficher. Disparaître. S'afficher. Disparaître. Lumière. "1 appel en absence". Un autre sms "Tu te fous de ma gueule?!?!". Je tape "You know you love me. xoxo". J'hésite à envoyer, l'efface, éteigne mon téléphone et m'endors en souriant. Un rien m'amuse ces derniers temps.